De la ville aux champs aux champs à la ville


Aussi surprenant que cela puisse paraître, les villes ont longtemps été des lieux de production agricoles.

Maraîchage, arboriculture, élevage : c’était l’agriculture urbaine. Mais dans la plupart des villes française, les zones qui pouvaient être dédiées à l’agriculture ont été urbanisées durant le demi-siècle dernier. Ces terrains étaient pourtant très fertiles. Ainsi, à Nîmes, le Vidourle apportait durant les « vidourlades » les limons et matières organiques nécessaires à la cultures des zones maraîchères et les grandes céréales comme le blé.

Mais la mondialisation en a voulu autrement… Les grandes multinationales, dans leur course effrénée au profit, ont petit à petit détruit et imperméabilisé les sols les plus riches, dans le Gard comme ailleurs. Sur le territoire de la commune de Nîmes, il ne reste plus qu’une poignée d’agriculteurs. Les savoir-faire et les semences autochtones ont quasiment disparus, tout cela en à peine 50 ans. Dès lors, peut-on encore parler de souveraineté alimentaire ?

Il faudrait pour cela mettre en place une politique forte, non seulement à Nîmes, mais également dans toutes les cités de France et de Navarre… Et en premier lieu réapprendre à des paysans à cultiver leur paysage. Ainsi Nîmes, 7ème commune de France en superficie, aurait des atouts indéniables. Redonner ses lettres de noblesses à cette agriculture, à cette paysannerie aurait une véritable cohérence non seulement environnementale, mais aussi sociétale : en France les AMAP (associations de maintien de l’agriculture paysanne) nourrissent des millions de familles.

Ces circuits courts de consommation permettent d’endiguer la paupérisation, développent le lien social, préservent la biodiversité. Et ces initiatives existent dans d’autres pays. Ainsi au Japon, les Teikei permettent aux habitants d’accéder à des produits frais, cultivés sans pesticides notamment.

Cette absence d’intermédiaire n’est évidemment pas du goût de tout le monde.

Et c’est par le biais de normes tatillonnes et absurdes que les géants de l’agro-alimentaire cherchent à préserver leur contrôle. En substance c’est au nom de notre santé que nous sommes empêchés d’accéder à des produits bons pour notre santé… Mais nous parlons d’un marché mondial de 14 000 milliards de dollars, sans compter les enjeux géostratégiques liés à un domaine aussi crucial que celui de la nourriture. Cela vaut bien quelques sacrifices – et quelques sacrifiés…

Crédit image : http://chantouvivelavie.centerblog.net/rub-humour–5.html

Plutôt que de planter des micocouliers, planter des arbres fruitiers, créer une coopérative maraîchère municipale, élever du bétail dans nos garrigues… La paysannerie urbaine et péri-urbaine a un rendement 20 fois supérieur à l’agriculture dite conventionnelle. Et ces emplois sont non délocalisables. Une voie sans doute trop peu rentable pour les intérêts privés de quelques-uns.

Notre personnel politique, si prompt à faire référence à l’humanisme et à aux valeurs fondatrices de la République, aurait peut-être avantage à s’emparer de ce sujet et à avancer concrètement. En ces temps d’inflation et d’explosion des prix de l’alimentation, il y va non seulement du bien-être mais des besoins fondamentaux de nos concitoyens.

J.-M. P.

ReGard Citoyen N° 7 – Lundi 10 Septembre 2023

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