La santé, bien commun ou patrimoine individuel ?


Qu’est-ce que la santé ?

La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social. Dans cette définition donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 1946, la santé représente « l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». Elle implique la satisfaction de tous les besoins fondamentaux de la personne, qu’ils soient affectifs, sanitaires, nutritionnels, sociaux ou culturels. Il s’agit donc d’une notion globale, touchant non seulement à la globalité de l’être mais à son rapport au monde et aux autres.

Le maintien et la restauration de la santé

Dans les sociétés traditionnelles dites « primitives », la santé relève généralement autant de l’individu que du groupe. Elle est imbriquée avec les croyances animistes et religieuses, et le rôle des guérisseurs (chamans, sorciers, etc.) qui utilisent à la fois la pharmacopée locale, le toucher et des pratiques relevant de la magie, de la divination, ou de la psychologie. À partir du XXVIIIème siècle, la maladie cesse progressivement d’être considérée comme une fatalité ou une malédiction divine et c’est le corps qui devient un sujet de préoccupation. Ce mouvement concerne d’abord les élites, puis s’étend progressivement à l’ensemble de la société. La santé devient alors un droit que les États se doivent de garantir. L’état de santé se recherche à la fois pour chaque individu, avec la médecine clinique, ou pour une population, avec la santé publique.
Et l’on a vu ces trois dernières années combien la rencontre entre l’aspect individuel et collectif pouvait être explosive !

Les difficultés

Le soin, c’est-à-dire la restauration de la santé, a presque entièrement accaparé le domaine de la santé et ne consiste malheureusement trop souvent qu’en un soin des organes. La prévention et la notion d’hygiène de vie sont peu mise en avant. Or il a été démontré que l’absence de tabac, une consommation d’alcool égale ou inférieure à un demi verre, la consommation de 5 fruits et légumes, et un exercice physique d’une demi-heure par jour conduirait à une majoration de l’espérance de vie de 14 ans.
Au-delà, la relation entre santé et vie sociale dans son ensemble est malheureusement peu explorée ou marginalisée. Si à une extrémité du spectre on a une simple gestion du « cheptel » humain pour en optimiser la productivité en vue de créer de la richesse et du profit, à l’autre, l’activité économique, politique et sociale est entièrement subordonnée à la recherche de la santé, une société « cocon » qui ne semble pas plus désirable.
Enfin, sur le plan économique, les sommes en jeu dans le domaine de la santé sont considérables. Rien que pour le médicament, le marché mondial du médicament est passé de 220 à 430,3 milliards de dollars entre 1992 et 2002. Des sommes si importantes qu’on peut raisonnablement s’inquiéter sur des phénomènes de corruption et de détournement du système à des fins purement mercantiles.

La santé, pour quoi faire ?

Finalement, être en bonne santé, pour quoi faire ? C’est toute la question du projet de vie individuel et collectif, qui est la vraie question de fond qui sous-tend la problématique de la santé. En pratique, à défaut de trouver le sens de la vie, il faut trouver le compromis entre recherche de la santé et activité permise par celle-ci. Ce qui implique de réévaluer constamment le projet de société et nécessite une réflexion responsable et ancrée sur les fondamentaux humains présents en chacun de nous.

S.G.

ReGard Citoyen N° 3 – Mardi 10 Janvier 2023

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