Personne n’en veut ! Décrié par les élus de gauche, remis en question par le groupe Renaissance, faisant l’objet d’une saisine du Conseil Constitutionnel par le président lui-même, c’est un objet bien étrange que ce texte de loi sur l’immigration adopté (mais par quelle majorité ?) en décembre 2023 par le Parlement.
En réalité, ce texte a toutes les vertus. Du point de vue tortueux de la vie parlementaire et politique, il s’agit d’un pur chef-d’œuvre.
Durcissant les conditions d’entrée, de séjour, et d’accès à la nationalité française, probablement voué à être inapplicable et censuré en tout ou partie par le Conseil Constitutionnel, il permet à la droite et à la gauche à adjectifs (réaliste, décomplexée, extrême ; éclairée, progressiste, révolutionnaire) de bomber le torse et satisfaire leur clientèle.
Quant à l’extrême centre, il peut satisfaire à loisir sa passion débridée du en « même temps » opportuniste que nous sommes priés de prendre pour de la modération et de l’équilibre. Un texte parfait, permettant à chacun de tirer son épingle du jeu de la symbolique et du paraître.
Et c’est ainsi que l’on enterre un débat.
Et que l’on se débarrasse d’une discussion devenue indispensable sur l’impact socio-culturel de l’immigration, son articulation avec l’intégration, l’éducation, l’art de vivre ensemble et de faire société, la meilleure manière d’offrir à ces êtres humains la possibilité de nous rejoindre et de nous offrir ce qu’ils ont de meilleur et non de les stocker dans quelque camp de rétention comme des déchets toxiques dont les générations à venir trouveront bien comment les traiter. Mais l’essentiel est ailleurs : redorer son image en vue des échéances électorales européennes à venir en 2024. Business is business !
T.B.