Un processus culturel hautement élaboré
Biologiquement l’alimentation peut se définir par le choix et l’ingestion d’éléments que les proces-sus de nutrition vont assimiler pour permettre à l’organisme de fonctionner.
Cependant, touchant au plus profond de notre intégrité, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’à notre survie, l’alimentation est devenue chez l’Homme, cet omnivore à l’alimentation variée, une activité hautement raffinée. Elle s’est enrichie d’aspects techniques et culturels tels l’agriculture, l’élevage, la gastronomie, mais peut aussi revêtir un caractère religieux quand elle exprime aussi une relation au monde, avec les tabous et interdits alimentaires, les jeûnes, les rituels de préparation…
Un monde en péril
Qui dit alimentation dit agriculture, distributeur, réseaux de distribution, transport, etc. Pour produire une alimentation de qualité, nos agricul-teurs, pêcheurs, éleveurs ont besoin de pouvoir vivre dignement de leur travail. Or en France, en près de quarante ans, alors que la taille des ex-ploitations augmentait, la part des agriculteurs dans l’emploi diminuait drastiquement, passant de 7,1% en 1982 à 1,5% en 2019. Au trois quart des hommes, et pour plus de la moitié âgés de 50 ans et plus. Des agriculteurs dont le temps de travail est en moyenne plus élevé que le reste de la population, travaillant très souvent le samedi et le dimanche. Sans oublier qu’un agriculteur se suicide tous les 2 jours.
Sans que nous le sachions, ceci nous met en état de vulnérabilité alimentaire ; nous avons peut-être trop pris l’habitude d’aller au supermarché sans nous souvenir que toute nourriture doit être produite de la terre avant tout. Une société dont les propres agriculteurs sont une espèce en voie de disparition ne se met-elle pas d’elle-même en état de dépendance à l’égard des gros producteurs extérieurs ?
Aujourd’hui la France importe plus de 20% de son alimentation, avec tous les risques que cela implique en cas de crise internationale perturbant les transports. Une guerre prenant des proportions régionales, voir mondiales, au Moyen Orient par exemple…
« Que ton alimentation soit ta meilleure médecine »
Hippocrate
La santé dans l’assiette
Mais la quantité ne fait pas tout. La qualité, la vraie, la nécessaire qualité nutritive, est fondamentale. Notre santé passe aussi par notre assiette, une assiette avec le moins de glyphosate possible par exemple, mais dont l’autorisation d’utilisation vient d’être renouvelée par la Commission Européenne jusqu’en 2033. Avec la qualité, c’est aussi la question du comportement alimentaire qui est en jeu. Obésité, maladies cardio-vasculaires, diabète, ces causes de mortalité majeures sont toutes liées à une alimentation excessive et déséquilibrée, elle-même liée aux stratégies marketing de l’industrie agro-alimentaire. Évidemment, libre à chacun de ne pas céder aux sirènes de la publicité ou à l’appel de la nourriture-réconfort pour évacuer le stress. Vous avez dit éducation ?
Simultanément, plus de 800 millions de personnes sont touchées par la faim dans le monde, 25 000 personnes meurent de faim chaque jour, 39 millions d’enfants souffrent de surpoids, 149 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance et développement.
En définitive quelques questions très simples se posent. Quelles perspectives pouvons-nous envisager pour : nourrir toute la population avec une alimentation équilibrée et suffisante pour chacun, en cohérence avec l’aménagement du territoire et les objectifs écologiques, afin de favoriser la meilleure santé possible à tous les humains, en garantissant une pérennisation des exploitations agricoles locales, par un revenu décent à chacun ?
Des questions simples, peut-être trop simples pour intéresser qui que ce soit.
S.G.