Sale temps pour les journalistes et les médias ces dernières années !
» Médias corrompus » ou « journalistes collabos » sont désormais les slogans scandés dans les manifestations. Les journalistes issus des médias traditionnels sont désormais aussi détestés que les représentants de la classe politique.
Mais comment en est-on arrivé à cette détestation des médias ?
Sur les 30 dernières années, l’institut Kantar (Sofres) constate une dégradation lente de la confiance envers les médias traditionnels que sont la TV, la radio et la presse écrite.
D’après cette enquête, seuls 50% des français jugent que les informations de la radio sont crédibles et la confiance dans la TV est encore plus faible, 38% en 2019 contre 44% pour la presse écrite. En même temps la confiance dans les informations véhiculées par internet augmente 39% en 2015.
Cette défiance envers les médias s’est accentuée avec la crise des gilets jaunes et du Covid : 2/3 des Français estiment que les journalistes ne résistent pas aux pressions du pouvoir et de l’argent.
Désormais les gens préfèrent s’informer sur les réseaux sociaux n’ayant plus confiance aux médias traditionnels.
Charte de Munich et milliardaires
Dans la Charte de Munich, parmi les 10 devoirs d’éthique du journaliste, il y a le respect de la vérité, la défense de la liberté de l’information, le refus de toute pression ainsi que de ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui de propagandiste.
Or on constate qu’aucun de ceux-ci ne sont respectés. Mais alors pourquoi les journalistes ne respectent pas cette charte ?
Le documentaire « Média Crash : qui a tué le débat public ? » co-produit par Mediapart dénonce l’hyperconcentration des médias dans les mains d’une poignée de milliardaire :10 milliardaires possèdent plus de 80 % des médias en France : Bernard Arnault, Patrick Drahi, Xavier Niel, Daniel Kretinsky, Dassault, François Pinault, Bouygues, Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré, Mathieu Pigasse.
Pour Edwy Plenel de Mediapart, les milliardaires achètent les médias pour acheter de l’influence car ils savent que leur monde va s’effondrer un jour ou l’autre. Et pour que cela dure, il faut tromper l’opinion.
Ce constat est aussi celui de parlementaires qui ont lancé le 24 novembre 2022 une commission d’enquête » concentration des médias en France visant à évaluer l’impact de cette concentration sur la démocratie. Il est inquiétant de constater que ces milliardaires influent sur le contenu de l’information : c’est notre démocratie qui est atteinte.
Comment garantir l’indépendance des médias et le pluralisme dans l´information ?
Etablir des médias plus démocratiques, demanderait une gouvernance démocratique dans les médias. Ceci implique de placer les journalistes dans les instances de gouvernance en leur donnant des droits de vote au même titre que les autres membres.
Ces mesures devraient s’accompagner d’un nouveau statut juridique pour les rédactions, ainsi que d’une loi sanctionnant tout interventionnisme abusif des propriétaires de médias afin qu’ils ne favorisent pas leurs intérêts. Dernier volet : un financement citoyen des médias avec un modèle où journalistes et lecteurs seraient actionnaires, avec davantage de transparence sur la gouvernance et l’actionnariat, en exigeant la publication visible du nom et des liens d’intérêt des sociétés actionnaires.
Autant dire que cela reste une utopie…
V.L.