Ukraine, le retour du Grand Jeu


Une histoire entre partage et annexion

Tout commence au IXème siècle avec la Rus de Kiev, une fédération fondée par des vikings venus de Suède, qui s’étendait alors sur les territoires actuels d’Ukraine, de Biélorussie et d’une partie de la Russie. Après 4 siècles d’existence, cette fédération tombe et de nombreuses puissances régionales se partageront le territoire ukrainien tout au long des siècles suivants ; la Pologne et la Russie notamment aux XVII et XVIIIème siècles, avant que l’URSS ne l’annexe définitivement dans les années 1920.

Un joyau méconnu

Une de ces nombreuses péripéties dont l’histoire est coutumière, pourrait-on penser.Pourtant, cette question n’a rien d’anecdotique. En effet, par sa position, sa superficie et ses immenses richesses naturelles, l’Ukraine est un joyau convoité : 4ème producteur mondial de titane, 7ème producteur mondial de céréales (fournissant 25% de son blé à l’Égypte), avec un accès à la mer Noire, donc aux voies maritimes commerciales et militaires… On voit l’importance stratégique de ce territoire.

Etait-il si étonnant que l’histoire de l’Ukraine ne soit pas un long fleuve tranquille après son accession à l’indépendance en 1991 ? On a pu dire que la malédiction de l’Afrique est sa richesse, on pourrait en dire autant de l’Ukraine.

Le retour du Grand Jeu

Pris sur la ligne de fracture entre le bloc Europe/OTAN et la Russie, le pays, avec ses malheureux habitants, s’est retrouvé au centre d’un « grand jeu » géostratégique entre les pays occidentaux, cherchant à l’intégrer culturellement, économiquement puis militairement, et la Russie, déterminée à conserver dans son orbite un territoire auquel de fortes relations de même nature l’unissent.

Dès lors, depuis 2004 et la révolution Orange, le pays va basculer dans une instabilité politique grandissante. Cette succession de controverses de plus en plus violentes entre présidents pro-européens et pro-russes se conclue en 2013/2014, avec la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovytch lors de l’occupation et des émeutes du Maïdan. Le pays se déchire alors entre Ouest pro-européen et Est pro-russe, et avec la partition de facto de la Crimée puis son rattachement à la Russie. On tente de trouver une solution fédérale sous les auspices de l’accord de Minsk : un jeu de dupes pour les deux parties. Pendant que l’Ukraine multiplie les démarches de rapprochement non seulement avec l’Europe mais avec l’OTAN, ce qui la sanctuariserait, la Russie se prépare probablement dès cette période à une solution militaire de grande envergure pour contrecarrer les plans occidentaux.

Fin de partie

En 2019, avec l’élection d’un comédien sans expérience politique, sans programme et sans parti mais pas sans soutien financier, le pays s’engage dans une voie incertaine. Accusations de corruption, résurgence de l’idéologie nazie, de lourdes questions se posent désormais. Les ukrainiens n’auront hélas pas la possibilité d’y répondre avant longtemps, puisque depuis février 2023 et l’entrée des troupes russes en Ukraine, le pays a plongé dans la guerre et le chaos.

T.B.

ReGard Citoyen N° 4 – Mardi 7 Mars 2023

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