Tout le monde s’accorde à voir la guerre en Ukraine comme un conflit par procuration entre l’OTAN, et au premier chef les USA, et la Russie. Mais c’est en réalité bien plus qui se joue. Organisation de Coopération de Shanghai, Organisation du Traité de Sécurité Collective, BRICS, retenez bien ces noms. Ils pourraient bien être les prochains acteurs d’un monde devenu multipolaire, échappant à la seule autorité des Etats-Unis, de l’OTAN et de l’ONU. Militaires, économiques, politiques, tous les aspects sont couverts.
L’Organisation du Traité de Sécurité Collective
Alliance militaire fondée en 2002, regroupant plusieurs anciennes républiques soviétiques (Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan) autour de la Russie, l’OTSC est un « OTAN de l’Est ». Dotée d’une force d’intervention rapide de 20 000 hommes, elle est intervenue en janvier 2022 au Kazakhstan pour soutenir le pouvoir menacé par des manifestations et des émeutes. La Serbie en est un état observateur.
L’Organisation de coopération de Shanghai
La nouvelle ONU, créée en 2001 par la Chine afin de faire contrepoids à la puissance américaine, rassemble la Russie et quatre pays d’Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan. L’Inde et le Pakistan, puis l’Iran, l’ont rejointe en 2016 et 2021. La Biélorussie, la Mongolie et l’Afghanistan en sont membres observateurs. L’OCS représente plus de 3,1 milliards d’habitants, soit près de 45 % de la population mondiale.
Les BRICS
Au départ une simple façon de désigner les « petits nouveaux » dans le grand jeu de l’économie mondialisée, les BRICS – Brésil, Russie, Inde et Chine, rejoints en 2011 par l’Afrique du Sud – se sont structurés pour former une conférence, avec un sommet annuel. Puis, en 2014, d’une banque de développement. Une organisation au poids croissant parmi les grandes institutions économiques internationales (G8, G20, FMI, Banque Mondiale…), représentant là encore près de la moitié de l’humanité.
Ces organisations sont presque invisibles sur la scène internationale – en tout cas occidentale. Elles représentent pourtant un poids démographique, militaire, économique et culturel considérable.
A côté du conflit ukrainien, au gré de ces guerres oubliées d’Asie Centrale que sont les conflits géorgiens (2003 et 2008), arméniens et kirghize (printemps 2021), on voit se dessiner une lutte d’influence insidieuse, puis de plus en plus ouverte, entre un bloc occidental emmené par les Etats-Unis au sein de l’OTAN, et les pays et puissances d’Asie Centrale et de l’Est. A terme, la pression à laquelle ces derniers sont soumis pourraient aboutir à une redoutable coalition.
T.B.