Selon les principes éducatifs français, la formation scolaire doit favoriser l’épanouissement de l’enfant, lui donner une culture, le préparer à la vie professionnelle et à l’exercice de ses responsabilités de citoyen. L’école a pour mission première, outre la transmission des connaissances, de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Mais qu’en est-il vraiment ?
Bonnet d’âne
La France est régulièrement pointée du doigt par les enquêtes PISA1 pour ses mauvaises performances comparées aux autres pays de l’OCDE2, et surtout pour une grande inégalité en fonction du milieu social des élèves. Pourtant, avec une entrée en maternelle à l’âge de trois ans, la France fait partie des pays européens où l’on commence sa scolarité le plus tôt.
Mais à quoi est dû tant de médiocrité ? Andreas Schleicher3 blâme en premier lieu les enseignants : « La qualité d’un système éducatif n’est jamais supérieure au talent de ses enseignants. On ne changera les mentalités des élèves qu’en changeant celle des professeurs ».
Avec son esprit compétitif larvé, notre système éducatif développe trop souvent le narcissisme au détriment de l’altruisme chez ceux qui réussissent, ou au contraire auto-dépréciation et dégoût de l’éducation chez les élèves en difficulté. De plus les élèves en situation de handicap sont trop souvent mal pris en charge avec des années d’attente pour intégrer des classes spécifiques s’ils sont chanceux, ou des immersions en classe « ordinaire » mal adaptées.
Comme le disait Albert Einstein, « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide ». Trop de sujets sont appris par cœur et évalués sans véritable compréhension par l’élève et de ce fait oubliés aussi vite : une perte de temps considérable au détriment de connaissances solides et pertinentes.
« Nous passons 15 ans à l’école, et pas une fois on nous apprend la confiance en soi, la passion, et l’amour qui sont les fondements de la vie. »
Albert Einstein
Nous sommes humains avant tout et chacun serait bien plus heureux s’il pouvait découvrir ce qu’il aime ou ce qu’il peut réellement faire, et non ce qu’on lui conseille fortement d’être.
Le modèle finlandais
En parallèle, on retrouve régulièrement à la première place la Finlande, tous critères d’évaluation confondus, un modèle qui ouvre des pistes de réflexion pour la France.
Le premier objectif de l’éducation finlandaise est « d’aider les élèves à croître en humanité et à devenir des membres éthiquement responsables en société », et intègre des compétences pratiques comme savoir faire à manger, lire une fiche de paye, ou… faire pousser des légumes.
Au cœur du modèle, l’apprentissage individualisé, l’enseignement différencié et les principes de la pédagogie active des méthodes Montessori, Steiner et Freinet : dans un environnement scolaire bienveillant, l’élève est considéré comme une personne avec ses compétences, ses qualités, ses appétences, qui guideront ses propres acquis, l’enseignant étant un facilitateur et un accompagnateur de son développement.
La scolarité des petits Finlandais ne commence qu’à l’âge de 7 ans. Pendant les six premières années, ils ne sont jamais évalués, et 30 % d’entre eux bénéficient d’un soutien spécialisé dans leurs apprentissages pendant neuf ans. Un seul examen standard est passé à l’âge de 16 ans. Résultat : les élèves finlandais sont les moins stressés d’Europe et 93% d’entre eux réussissent leurs études secondaires.
Appliquer ce modèle en France ? Encore faudrait-il d’abord reconsidérer le métier d’enseignant : en Finlande les enseignants ont le même statut social qu’un médecin, avec un salaire supérieur de 28 % au salaire français. Une situation bien différente de celle de la France…
L.C.
- Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves, enquête internationale organisée tous les 3 ans ↩︎
- Organisation de Coopération et de Développement Economiques : études économiques internationales ↩︎
- Directeur Education et Compétences, OCDE Paris ↩︎